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Annonces du gouvernement pour les étudiants précaires

Nous ne voulons pas des miettes
mais de quoi étudier dans de bonnes conditions tous les ans !

Comme toutes les couches populaires, les étudiants précaires subissent encore plus fortement les conséquences de cette crise sanitaire. Beaucoup d’entre eux comptaient sur les petits boulots d'avant le confinement pour financer leurs études. Pendant le confinement, ils se sont retrouvés privés de ces revenus, avec des restaurant universitaires fermés, confinés dans des petites chambres de 9 m² et à ceci se rajoute les difficultés liés aux cours à distance et une incertitude totale concernant les examens, les stages et la validation de leur année universitaire.

Une grande partie d’entre eux, notamment les étudiants étrangers n’ont pas pu rejoindre leur famille pendant la période de confinement. L'isolement se rajoute à l'inquiétude. Et pour ceux qui ont rejoint leur famille, ce n'est forcément plus simple : avec les difficultés des familles précarisées par le confinement, il y aura certainement, au-delà de la question économique, de fortes conséquences sur l’état psychologique des étudiants.

Des dizaines de milliers de repas distribués par les CROUS aux étudiants dans le cadre d’une aide d’urgence, alertent sur la situation dramatique que les étudiants précaires sont en train de traverser cette période.

La situation avant le confinement était loin d’être confortable pour les plus pauvres. Déjà souvent obligés de cumuler les petits boulots pour financer leurs études, se loger, se nourrir – 46 % des étudiants en France travaillent à côté de leurs études selon les chiffres de l’Observatoire de la vie étudiante – les différentes mesures prises par le gouvernement n’ont fait qu’empirer leurs conditions de vie (hausse des frais d’inscription, réduction des bourses, sélection à l’université, baisse de 5 euros sur les APL etc.).

Le cas d'Anas, jeune syndicaliste âgé de 22 ans qui s’était immolé devant l’antenne du CROUS à Lyon en novembre dernier est toujours présente dans nos esprits. Selon le rapport annuel sur le coût de la vie étudiante que l'UNEF publiait en août dernier, on observe une augmentation de 2,83 % en 2019 par rapport à 2018 (+1,31 % en 2018 par rapport à 2017). Depuis 10 ans, l’augmentation du coût de la vie étudiante ne cesse de s’accroître. Selon les syndicats étudiants, 23 % des étudiants considèrent avoir des difficultés financières et près de 20 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. Selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, parmi les 712 000 étudiants boursiers recensés en 2019, moins de 7 % ont obtenu le niveau maximum de bourse (561 euros). La majorité des étudiants boursiers vivent donc avec moins de 500 euros par mois.

Cette situation, qui s’est beaucoup aggravée pendant le confinement, est loin d’être réglée avec le déconfinement qui s’annonce très problématique.

Ce ne sont sûrement pas les 200 euros d'aide annoncés par Eduard Philippe le 4 mai pour 800 000 étudiants précaires âgés moins de 25 ans qui va répondre à la situation dramatique des étudiants précaires. Ce ne sont pas ces miettes, qui ne vont même pas concerner tous les étudiants, qui leur permettront de sortir de cette crise avec dignité ! Et aucune annonce pour les étudiants de plus de 25 ans !


Un étudiant militant de l'UJR donne son point de vue :
« Le gouvernement a annoncé récemment qu’il allait distribuer une aide à une partie des étudiants précarisés estimé à 200 €. Mais est-ce que tous les étudiants pourront bénéficier de cette aide ? La réalité c’est que non. Une partie des étudiants qui en ont besoin ne vont pas pouvoir la percevoir. Elle ne sera distribuée que pour celles et ceux qui ont perdu leur travail à cause de la crise sanitaire. Mais quelle solution est apportée pour les autres étudiants, ceux qui sont précarisaires et qui n’ont pas de travail ? Est-ce qu’ils sont moins précarisés que ceux qui doivent travailler ? Apparemment, pour le gouvernement si nous étudions et que nous ne travaillons pas, nous ne rencontrons pas des difficultés économiques. Une fois de plus, nous, les étudiants sommes méprisés par le gouvernement qui nous donne à nouveau des miettes alors qu'il trouve très vite de l’argent pour le Capital et l’armée. Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons pouvoir étudier sans être constament dans l’angoisse de ne pas pouvoir finir le mois ».


Un jeune militant de l'UJR, étudiant salarié en histoire, est parti avant le confinement en Moldavie pour un stage.
Il témoigne :
« Je suis coincé en Moldavie au moins jusqu'au 5 juin. J'ai perdu mon stage et je ne suis pas du tout sûr de pouvoir reprendre mon emploi en France à cause de la crise sanitaire. Ca fait 3 mois que je suis sans revenu. Heureusement que j'avais économisé une petite somme avant mon stage. Maintenant le gouvernement nous annonce qu'on a le droit à 200 euros. Je ne suis même pas sûr de pouvoir les toucher ! ».



Mai 2020